Lutte contre la déforestation importée : la France, représentée par Bérangère ABBA, préside depuis le 1er juillet le Partenariat des Déclarations d’Amsterdam qui réunit les pays les plus engagés.
Depuis le 1er juillet et jusqu’à la fin de l’année, Bérangère ABBA, Secrétaire d’État chargée de la biodiversité, assure pour la France la présidence du Partenariat des Déclarations d’Amsterdam (ADP).
Initialement signé en 2015 par le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Norvège, les Pays-Bas, le Danemark, la France et l’Italie, ce Partenariat a pour but d’enrayer la déforestation induite par les chaines d’approvisionnement. En janvier 2021, ces engagements ont été renouvelés pour la période 2020-2025 dans un partenariat élargi à l’Espagne et à la Belgique.
Le Partenariat d’Amsterdam réunit ses membres autour de la promotion de la durabilité de l’agriculture en éliminant la déforestation liée aux produits agricoles de base.
Dans ce cadre, Bérangère ABBA a réuni les entreprises, associations, administrations et experts impliqués en France le 29 juin dernier pour partager l’état d’avancement de la stratégie française de lutte contre la déforestation importée et en accélérer la mise en œuvre.
L’objectif de cette stratégie est d’amener chaque acteur à faire évoluer ses pratiques pour diminuer la déforestation, en ciblant les matières agricoles qui contribuent le plus à la déforestation importée (le soja, l’huile de palme, le bœuf et ses produits transformés, le cacao, l’hévéa, ainsi que le bois et ses produits dérivés).
La Secrétaire d’Etat a notamment présenté les avancées de la Loi Climat et Résilience qui comporte quatre articles relatifs à la lutte contre la déforestation :
- Une inscription de la stratégie dans le code de l’environnement, lui apportant la pérennité nécessaire et la visibilité que demandent les acteurs économiques
- L’autorisation d’échange de données entre douanes et services de l’environnement pour améliorer l’outil d’évaluation des risques de déforestation associés aux importations
- Un objectif pour l’Etat de ne plus acheter de biens ayant contribué directement à la déforestation
- L’ajout d’une disposition à la loi sur le devoir de vigilance pour préciser que pour les sociétés produisant ou commercialisant des produits issus de l’exploitation agricole ou forestière, le plan de vigilance doit comporter des mesures de vigilance raisonnable propres à identifier les risques et à prévenir la déforestation importée.
En ce qui concerne ce dernier point, la Secrétaire d’Etat a annoncé le lancement d’une mission sur la prise en compte du risque de déforestation dans le devoir de vigilance.
La Secrétaire d’Etat a pu échanger et soutenir différents projets portés par des ONG ou coalitions d’entreprises : Canopée et Michelin concernant leurs outils d’évaluation du risque de déforestation associé respectivement au soja et à l’hévéa, Envol Vert pour son dispositif de calcul de « l’empreinte forêt », ou encore l’Alliance pour la préservation des forêts avec un outil d’auto-évaluation qui permettra à chaque entreprise de situer son niveau de maturité sur la question. Ces dispositifs permettront d’outiller les entreprises dans la réalisation de leur devoir de vigilance.
En ce qui concerne les achats publics, la Secrétaire d’Etat a annoncé le lancement de l’élaboration d’une nouvelle version du guide d’achats zéro déforestation, qui sera élaborée en lien avec des acheteurs du secteur privé et des collectivités territoriales pour proposer des outils les plus opérationnels possibles aux acheteurs.
Ce point d’étape a également été l’occasion de présenter les avancées de l’Alliance pour la Préservation des Forêts tropicales, du plan protéines, des travaux sur la certification zéro-déforestation des filières ciblées par la SNDI, notamment le cacao, de mobilisation des acteurs financiers pour la préservation de la biodiversité autour de Finance for Tomorrow, et le déploiement d’un outil de surveillance spatiale de la déforestation « TropiSCO » porté par le CNES. L’AFD, le GRET et le CIRAD ont présenté aux membres du Comité les récents travaux de recherche et publications réalisés dans le cadre du Comité Scientifique et Technique Forêt, notamment sur le soja et le cacao.
Le renforcement de la plateforme multi-partenariale SNDI, attendu par les acteurs, a été confirmé et permettra de retrouver les actualités sur le sujet mais aussi les différents outils disponibles pour, à différentes échelles, lutter contre la déforestation importée. Pour accroître la transparence, un suivi de la mise en œuvre de la Stratégie sera également publié.
Pour Bérangère ABBA, "La présidence française du partenariat des déclarations d’Amsterdam est une formidable opportunité de fédérer les Etats membres et de porter une voix commune pour renforcer la législation contre la déforestation importée en Europe, un enjeu clé de la présidence française de l’Union Européenne de début 2022. C’est par une action collective que nous mettrons fin à la déforestation importée. J’ai pu constater que de nombreux projets opérationnels étaient à l’œuvre pour répondre à ce défi. Il faut agir à tous les échelons : avec les producteurs en développant des filières durables grâce à la coopération internationale, avec les distributeurs, les acheteurs et les consommateurs en leur apportant une information fiable et dynamique sur les risques d’import de déforestation."