Ce nouvel outil, élaboré avec l’association Canopée et l’initiative Trase, présente une évaluation du risque de déforestation et de conversion des écosystèmes brésiliens associé aux importations françaises de soja pour chaque entreprise importatrice en France, grâce au croisement de données satellitaires permettant de caractériser la déforestation pour chaque municipalité brésilienne et les données sur les flux logistiques.
La France est le premier pays à s’être doté d’une stratégie qui vise à mettre un terme à l’impact de ses importations sur la déforestation, la dégradation des forêts et des écosystèmes naturels à l’étranger avec l’adoption de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI), le 14 novembre 2018. Celle-ci vise à éliminer d’ici 2030 l’importation de produits forestiers ou agricoles non durables contribuant à la déforestation dans les filières de cacao, hévéa, soja, huile de palme, bois et ses produits dérivés, et boeuf et co-produits.
Au-delà de l’Etat, la SNDI implique des acteurs de la recherche, du secteur privé, des associations. L’ensemble de ces parties prenantes se réunissent régulièrement dans le cadre d’un comité de suivi pour acter les avancées et identifier les prochaines étapes. Le prochain aura lieu lundi 29 novembre et sera présidée par la Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba, qui présentera une nouvelle version de l’outil d’évaluation des risques de déforestation liée aux importations de soja.
Cet outil est hébergé sur ce site, centre de ressources et de partage de bonnes pratiques pour les entreprises, ONG et pouvoirs publics : accessible ici.
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De toutes les matières premières à risque de déforestation importées par la France, le soja a la plus grande empreinte en termes de surface : les volumes des importations françaises de soja sont de l’ordre de 3 millions de tonnes de tourteaux et 750 000 tonnes de graines (relativement stables depuis 2013). Plus de 60 % de ces importations sont en provenance du Brésil.
En 2020, le Gouvernement a soutenu la signature du « Manifeste pour une mobilisation des acteurs français pour lutter contre la déforestation importée liée au soja ». Ce Manifeste a vocation à fédérer un maximum d’acteurs autour de mêmes engagements afin de faire basculer le marché vers un soja responsable. Il démontre la mobilisation des acteurs privés qui, avec l’appui des outils proposés par l’Etat et la société civile, œuvrent pour trouver des solutions opérationnelles à la problématique de la déforestation causée par les importations de soja.
Ce nouvel outil, élaboré avec l’association Canopée et l’initiative Trase[en], présente une évaluation du risque de déforestation et de conversion des écosystèmes brésiliens associé aux importations françaises de soja pour chaque entreprise importatrice en France, grâce au croisement de données satellitaires permettant de caractériser la déforestation pour chaque municipalité brésilienne et les données sur les flux logistiques.
L’outil permet ainsi d’identifier les entreprises et les zones de production à risque, vis-à-vis desquelles les acteurs français peuvent concentrer leur recherche d’informations complémentaires et leurs efforts de vigilance. L’exploitation de données satellitaires montrent par exemple que 273 municipalités, représentant 20% de la production de soja, concentrent 91% du risque de déforestation au Brésil.
Le tableau de bord proposé par l’outil est une ressource à la disposition des acteurs publics et privés pour l’analyse des risques de déforestation dans la filière soja. Il reflète une avancée méthodologique importante dans la façon dont les acteurs d’une grande filière peuvent définir de manière pratique un seuil de risque.
Cet outil d’analyse et de suivi se base sur les données de la carte interactive mise à disposition sur ce même site et sur l’approche méthodologique d’évaluation du risque dans la filière soja définie par le groupe de travail soja de la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI).
Initialement disponible pour les importations directes du Brésil, il sera étendu progressivement à d’autres pays et produits de base et mis à jour chaque année avec les dernières données disponibles.
Présentation des contributeurs et de leur usage de l’outil
Earthworm Foundation est une organisation internationale à but non lucratif qui accompagne les entreprises dans la responsabilisation de leur chaine d’approvisionnement.
Depuis 20 ans, la fondation participe à la création de solutions bénéfiques à l’environnement et aux droits humains. Elle accompagne les entreprises à une meilleure compréhension de leur chaine d’approvisionnement et propose des projets transformatifs, durables et adaptés. Les actions mises en place s’appuient autant sur les stratégies des preneurs de décisions que sur la réalité du terrain et des défis auxquels peuvent être confrontés les producteurs agricoles.
Le travail d’Earthworm ne se limite pas aux entreprises et est également amenée à travailler avec la société civile.
Suite au lancement du manifeste soja lancé le 18/11/2020, Earthworm anime et coordonne un GT en lien avec tous les distributeurs Français, et depuis septembre 2021 un groupe de travail regroupant plusieurs industriels.
Les principales actions lancé dans ce cadre sont :
- Engagement des acteurs
- Mobilisation des filières
- Accès à plus de transparence
- Déploiement d’une méthodologie de gestion du risque de déforestation et de conversion sur la base de l’outil SNDI
- Déploiement des initiatives collectives
Les signataires du Manifeste
Distributeurs : Auchan, Carrefour, Groupe Casino, E. Leclerc, Groupement Les Mousquetaires, Lidl, Metro, U Enseigne, Sysco France SAS
Industriels utilisateurs d’alimentation animale : Cooperl Arc Atlantique, Herta SAS, LDC, LSDH - Laiterie de Saint Denis de l’Hôtel, Rians/ Triballat, Groupe Popy
Fabricants d’alimentation animale : Cooperl Arc Atlantique
ONG : Canopée, Earthworm Foundation, Mighty Earth
Pouvoirs publics : Le Manifeste est soutenu par Bérangère Abba, Secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité. Il a été présenté et salué lors de l’anniversaire des 2 ans de la SNDI du 18 novembre 2020
Canopée est une association spécialisée dans l’expertise et le plaidoyer pour une meilleure gestion et protection des forêts, en France et dans le monde. Elle est membre du Comité Scientifique et Technique Forêt (CST) créé par l’Agence Française de Développement pour accompagner la mise en oeuvre de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée. Canopée a coordonné en 2020, dans le cadre du CST, le groupe de travail pluri-acteurs regroupant plus de 45 participants et représentant l’ensemble des parties prenantes de la filière du soja, dans l’objectif de trouver des solutions techniques au problème de déforestation associé aux importations françaises.
Trase[en] est une initiative de transparence basée sur des données initiée par le Stockholm Environment Institute et Global Canopy, qui révolutionne la compréhension du commerce et du financement des produits de base à l’origine de la déforestation dans le monde. Son approche unique de cartographie des chaînes d’approvisionnement rassemble des données disparates et accessibles au public en vue d’établir des liens entre les marchés de consommation et la déforestation, ainsi que d’autres impacts sur le terrain. Les outils en ligne et les renseignements exploitables de Trase, en libre accès, permettent aux entreprises, aux institutions financières, aux gouvernements et aux organisations de la société civile de prendre des mesures pratiques pour lutter contre la déforestation.
Depuis son lancement en 2015, l’initiative internationale Trase, développeur de ce tableau de bord pour le Ministère de la transition écologique, avec la collaboration de l’Institut européen de la Forêt, a fait un travail très important de compilation et de traitement des données des principaux pays tropicaux producteurs de soja (et d’autres produits à risque de déforestation), permettant aujourd’hui d’estimer le risque de déforestation pour la plupart des importations de soja en France.
L’Institut européen de la Forêt, travaille avec certains pays tropicaux qui peuvent aussi utiliser ce type de données et cette nouvelle transparence pour mieux cerner les enjeux de déforestation dans leurs filières stratégiques.
Créé en 2019 par l’Agence française de développement, le Comité scientifique et technique Forêt (CST Forêt) est un espace de mobilisation de l’expertise francophone pour informer les politiques publiques françaises en matière de gestion et de protection des forêts tropicales dans les zones d’intervention de l’AFD.
Dès le démarrage de son activité, le CST Forêt s’est donné pour ambition pour la période 2019-2021 d’appuyer la mise en œuvre de la Stratégie nationale sur la déforestation importée (SNDI). Par ses travaux, il vise à répondre aux attentes exprimées par ses membres en lien avec les problématiques forestières, ainsi qu’aux besoins de leurs partenaires, nationaux et internationaux. Deux publications sur le soja ont ainsi permis d’initier des travaux plus opérationnels comme la réalisation de l’outil.